

La procédure de sauvegarde s'adresse à une société ayant des difficultés financières qu'elle ne peut pas surmonter. Elle ne doit pas être en cessation des paiements. La sauvegarde permet la poursuite de l'activité économique, le maintien de l'emploi et le règlement des dettes.
Quelles sont les conditions pour bénéficier de la procédure de sauvegarde ?
La procédure de sauvegarde concerne toute société qui justifie de difficultés qu'elle n'est pas en mesure de surmonter. Ces difficultés peuvent être de nature juridique (par exemple, procès en cours), économique (par exemple, baisse des commandes) ou financière (par exemple, impossibilité de régler des factures).
La société ne doit pas être en état de cessation des paiements.
La procédure de sauvegarde s'adresse également à l'entrepreneur individuel (EI), y compris au micro-entrepreneur, quelle que soit l'activité exercée : commerciale, artisanale, libérale ou agricole.
À savoir
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Lorsque la procédure de conciliation a échoué à la suite du refus de certains créanciers de participer à un accord de conciliation, l'entreprise peut demander au tribunal l'ouverture d'une procédure de sauvegarde accélérée.
Quels sont les effets du jugement d'ouverture de la procédure de sauvegarde ?
Le tribunal ouvre la procédure de sauvegarde s'il estime, après avoir entendu le représentant légal de la société et les représentants du CSE, que la demande d'ouverture est fondée.
Le jugement d'ouverture de la sauvegarde est mentionné au RNE et au RCS s'il s'agit d'une société commerciale. Le greffier du tribunal procède à la publication d'un avis du jugement d'ouverture au Bodacc. Il publie le même avis dans un support d'annonces légales (Shal) du lieu où l'entreprise a son siège social. Ces publicités sont faites dans les 15 jours de la date du jugement.
Le jugement d'ouverture a les effets suivants : il ouvre une période d'observation durant laquelle l'entreprise continue son activité et il nomme les organes de la procédure.
À savoir
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Lorsque l'entreprise relève du secteur libéral réglementé (par exemple, architecte, médecin), le tribunal doit entendre l'ordre professionnel ou l'instance dont il relève.
1. Mise en place d'une période d'observation
La sauvegarde débute par une période d'observation qui sert à effectuer un bilan économique et social de l'entreprise. La durée de la période d'observation est de 12 mois maximum (6 mois renouvelable une fois pour une durée maximale de 6 mois à la demande de l'administrateur judiciaire , de l'entreprise en difficulté ou du ministère public).
L'objectif de cette période est d'aboutir à un plan de sauvegarde sous le contrôle du tribunal et le plus souvent avec l'aide d'un administrateur judiciaire.
Pour préparer le plan de sauvegarde de l'entreprise, le dirigeant établit un inventaire des biens et la liste des créanciers de l'entreprise. Le projet de plan de sauvegarde est voté par les classes de parties affectées.
En savoir plus sur la constitution de classes de parties affectées
Les classes de parties affectées remplacent les comités de créanciers. Les classes de parties affectées se prononcent sur les propositions faites dans le projet de plan de sauvegarde établi par l'administrateur judiciaire et l'entreprise en difficulté.
Certaines entreprises ont l'obligation de constituer des classes de parties affectées lorsqu'elles se trouvent dans l'une des situations suivantes :
- Soit plus de 250 salariés et un chiffre d'affaires net qui dépasse 20 millions € 
- Soit un chiffre d'affaires net qui dépasse 40 millions € 
Les créanciers sont alors regroupés en fonction de leur créance : par exemple, les créanciers fiscaux, les créanciers munis de sûretés: Mécanisme qui sert à garantir le règlement d'une créance (dette, emprunt bancaire, etc.) en cas d'insolvabilité du débiteur. Il existe 2 types de sûretés : les sûretés réelles lorsque la garantie repose sur un bien (hypothèque, nantissement, gage) et les sûretés personnelles lorsqu'un tiers se porte garant (cautionnement).
Les entreprises qui ne sont pas soumises à cette obligation peuvent quand même demander au juge-commissaire l'autorisation de constituer les créanciers en classes de parties affectées.
À noter
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Lorsqu'il apparaît que la société était déjà en cessation des paiements avant l'ouverture de la procédure de sauvegarde, le tribunal doit convertir la sauvegarde en procédure de redressement judiciaire ou de liquidation judiciaire.
2. Désignation des organes de la procédure
Lors du jugement d'ouverture de la procédure de sauvegarde, le tribunal désigne les différents intervenants à la procédure :
- Mandataire judiciaire. 
- Administrateur judiciaire 
- Juge-commissaire 
Le tribunal invite le comité social et économique (CSE) , lorsqu'il existe, à désigner un représentant parmi les salariés de l'entreprise.
Mandataire judiciaire
Le mandataire judiciaire est chargé de la vérification du passif. À ce titre, il reçoit les déclarations des créanciers ainsi que le relevé des créances salariales pour vérification.
Il établit ensuite la liste des créances déclarées et formule des propositions d'admission ou de rejet. C'est le juge-commissaire qui décide du sort de la créance.
À noter
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Le mandataire judiciaire est rémunéré par l'entreprise. Cette rémunération est fixée par un arrêté pour chacune de ses missions (par exemple, vérification de créances). Elle dépend du nombre de salariés et du chiffre d'affaires de l'entreprise.
Administrateur judiciaire
La désignation d'un administrateur judiciaire est obligatoire lorsque l'entreprise a au moins 20 salariés et un chiffre d'affaires qui dépasse 3 millions €HT.
Le tribunal le charge de l'une des missions suivantes :
- Surveillance de l'entreprise en difficulté dans sa gestion 
- Assistance pour tous les actes de gestion ou pour certains d'entre eux 
Le tribunal peut le charger d'assister le dirigeant ou bien d'assurer seul, entièrement ou en partie, l'administration de l'entreprise.
Il établit un bilan économique et social de l'entreprise.
À noter
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L'administrateur judiciaire est rémunéré par l'entreprise. Cette rémunération est fixée par un arrêté pour chacune de ses missions (par exemple, mission d'assistance, élaboration du bilan social et économique). Elle dépend du nombre de salariés et du chiffre d'affaires de l'entreprise.
Juge-commissaire
Il est un membre du tribunal de commerce chargé de veiller à la protection des intérêts de chaque partie et au bon déroulement de la procédure.
Le juge-commissaire peut notamment autoriser l'entreprise en difficulté à effectuer les actes suivants :
- Réaliser des actes de disposition. Ce sont des actes qui engagent le patrimoine de l'entreprise, pour le présent ou l'avenir (exemples : vente d'un immeuble, conclusion d'un emprunt, donation). Ils entraînent une transmission de droits qui peut diminuer la valeur du patrimoine. 
- Souscrire une sûreté réelle (par exemple une hypothèque) en garantie d'une créance postérieure à l'ouverture de la procédure. 
Comment se déroule la période d'observation ?
L'ouverture d'une période d'observation a des conséquences pour le dirigeant de la société et pour les créanciers.
Situation du dirigeant de la société
Le dirigeant continue à administrer la société et exerce les actes de gestion courante (par exemple, une commande de fournitures). Toutefois, lorsqu'un administrateur judiciaire est désigné, celui-ci est chargé de surveiller le dirigeant dans sa gestion, ou de l'assister pour tous les actes de gestion ou pour certains d'entre eux.
Le dirigeant continue de percevoir sa rémunération sauf décision contraire des associés ou actionnaires.
Les contrats en cours au moment de l'ouverture de la procédure (par exemple, contrat de franchise ou de crédit- bail) se poursuivent sur décision de l'administrateur judiciaire.
La société doit être en mesure de payer ses salariés. En effet, le régime de la garantie des salaires (AGS) ne prend pas en charge les salaires d'une entreprise en procédure de sauvegarde.
Situation des créanciers
L'ouverture d'une procédure de sauvegarde affecte tous les créanciers. Les conséquences sont différentes selon que leur créance est apparue avant ou après le jugement d'ouverture.
Que se passe-t-il à la fin de la période d'observation ?
Lorsqu'il existe une possibilité sérieuse pour la société d'être sauvegardée, le tribunal arrête un plan de sauvegarde qui met fin à la période d'observation.
S'il n'existe pas de possibilité pour la société d'être sauvegardée, le tribunal convertit la procédure en redressement ou liquidation judiciaire.
Attention
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Dans de très rares cas, la situation de l'entreprise au cours de la période d'observation s'améliore et le tribunal peut mettre fin à la procédure de sauvegarde. Dans cette hypothèse, les créanciers sont réglés et l'entreprise reprend son activité normalement.
Adoption d'un plan de sauvegarde
Le plan de sauvegarde permet au dirigeant de prendre un ensemble de mesures pour restructurer l'entreprise et en permettre la sauvegarde.
Ce plan est soumis au vote des créanciers et des classes de parties affectées si elles existent.
Des classes de parties affectées doivent être constituées dans l'un des cas suivants :
- Soit lorsque l'entreprise a plus de 250 salariés et un chiffre d'affaires annuel net qui dépasse 20 millions € 
- Soit lorsque le chiffre d'affaires annuel net dépasse 40 millions € 
Le plan de sauvegarde ne peut pas durer plus de 10 ans et comporte, s'il y a lieu, l'arrêt, l'adjonction ou la cession d'une ou de plusieurs activités.
La mise en place du plan impose aux créanciers des délais de paiement ou des remises de dettes.
Dans le jugement arrêtant le plan ou le modifiant, le tribunal peut décider que les biens qu'il estime indispensables à la continuation de l'entreprise ne pourront pas être vendus pendant un certain temps.
Conversion en redressement judiciaire ou en liquidation judiciaire
Si l'adoption d'un plan de sauvegarde est manifestement impossible et que la clôture de la procédure conduirait de manière certaine à la cessation des paiements, le tribunal peut convertir la procédure de sauvegarde en redressement ou en liquidation judiciaire.
Sauvegarde, redressement et liquidation judiciaires : quelles sont les différences ?
| Sauvegarde | Redressement judiciaire | Liquidation judiciaire | |
|---|---|---|---|
| Cessation des paiements | Non | Oui | Oui | 
| Caractère obligatoire de la procédure | Non | Oui | Oui | 
| Initiative de la procédure | Uniquement le dirigeant | Une des personnes suivantes : 
 | Une des personnes suivantes : 
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| Situation de l'entreprise | Difficultés juridiques, sociales, économiques ou financières insurmontables | Cessation des paiements | Cessation des paiements et redressement de l’entreprise manifestement impossible | 
| Organes de la procédure nommés par le tribunal | 
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| Durée de la période d'observation | 12 mois maximum | 18 mois maximum | Pas de période d'observation | 
| Coût | 
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| Conséquences du jugement d'ouverture | 
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| Objectifs | 
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| Fin de la période d'observation | La période d'observation se termine de l'une des façons suivantes : 
 | La période d'observation se termine de l'une des façons suivantes : 
 | À la fin des opérations de liquidation, le tribunal prononce l'un des jugements suivants : 
 | 
Attention
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La procédure de traitement de sortie de crise, la procédure de sauvegarde accélérée et la liquidation judiciaire simplifiée ne sont pas traitées dans ce tableau.
Textes de référence
- Code de commerce : articles L620-1 à L627-4 - Ouverture de la procédure de sauvegarde, période d'observation, bilan économique, social et environnemental 
- Code de commerce : articles L626-1 à L626-8 - Élaboration du plan de sauvegarde 
- Code de commerce : articles R621-1 à R628-13 - Procédure de sauvegarde et publicité du jugement d'ouverture 
- Code de commerce : articles A663-4 à A663-13 - Rémunération de l'administrateur judiciaire 
- Code de commerce : articles A663-18 à A663-29 - Rémunération du mandataire judiciaire et du liquidateur judiciaire 
- Loi n°2023-1059 du 20 novembre 2023 sur l'orientation et la programmation du ministère de la justice - Article 23 sur l'expérimentation des TAE 
- Arrêté du 5 juillet 2024 relatif à l'expérimentation du tribunal des activités économiques - Liste des 12 tribunaux des activités économiques 
Pour en savoir plus
- Entreprises en difficulté : désignation et instauration des tribunaux des activités économiquesDirection de l'information légale et administrative (Dila) - Premier ministre 
Et aussi
- Procédure de conciliationDifficultés financières 
- Procédure de sauvegarde accéléréeDifficultés financières 
- Déclarer ses créances envers un partenaire commercial en procédure collectiveDifficultés financières 
- Redressement judiciaire d'une sociétéDifficultés financières 
- Liquidation judiciaire d'une sociétéÉtapes de vie 
- Procédure de traitement de sortie de criseDifficultés financières 
- Procédure de sauvegarde de l'entrepreneur individuel et du micro-entrepreneurDifficultés financières