Pour sortir d'une situation de crise et rebondir rapidement, l'entreprise en difficulté peut utiliser la procédure de conciliation. Elle permet de trouver rapidement un accord amiable entre l'entreprise et ses principaux créanciers (fiscaux, sociaux, bailleurs, grands fournisseurs, banquiers, etc.) avec l'aide d'un conciliateur. Cette procédure reste confidentielle sauf si le chef d'entreprise demande l'homologation de l'accord de conciliation.
Quelles sont les conditions d'ouverture d'une procédure de conciliation ?
La procédure de conciliation est applicable lorsque les conditions suivantes sont réunies :
L'entreprise rencontre une difficulté juridique (par exemple, litige entre associés), économique (par exemple, perte d'un marché) ou financière (par exemple, non-paiement d'un client). Cette difficulté peut être existante ou prévisible.
L'entreprise n'est pas en situation de cessation des paiements ou se trouve en cessation des paiements depuis moins de 45 jours.
À savoir :
Cette procédure ne s'applique pas aux agriculteurs qui bénéficient d'une procédure spécifique appelée règlement amiable .
Comment faire appel à un conciliateur ?
Le dirigeant de l'entreprise formule une demande écrite d'ouverture de conciliation appelée requête au président du tribunal.
Le tribunal compétent dépend de l'activité de l'entreprise.
Comment le conciliateur est-il désigné ?
Dès réception de la demande, le président du tribunal convoque le dirigeant de la société ou le chef d'entreprise pour recueillir ses explications.
Lorsque le président du tribunal accepte la demande d'ouverture de la procédure de conciliation, il rend une ordonnance.
Elle précise les éléments suivants :
Identité du conciliateur
Objet de la mission
Rémunération du conciliateur
Durée de la conciliation
Désignation du conciliateur
Le conciliateur est désigné par le président du tribunal. Le nom du conciliateur peut être proposé par l'entreprise.
Le plus souvent, le conciliateur est un administrateur judiciaire.
Mission du conciliateur
Le conciliateur assiste le dirigeant ou l'entrepreneur pour mettre en œuvre les solutions permettant d'assurer la continuité de l'entreprise (par exemple, négociation de délais de paiement avec les banques ou avec les fournisseurs).
En accord avec le dirigeant ou l'entrepreneur, le conciliateur élabore un protocole d'accord à négocier avec les créanciers de l'entreprise pour obtenir des délais de paiement ou des remises de dettes.
Durée de la mission du conciliateur
Le conciliateur est désigné pour une durée de 4 mois maximum. Cette durée peut être prolongée d'un mois à la demande du conciliateur sans que la durée totale excède 5 mois.
À savoir :
Seul le conciliateur a la possibilité de demander au président du tribunal une prolongation de sa mission.
Rémunération du conciliateur
La rémunération du conciliateur est à la charge de l'entreprise. Elle est fixée en accord avec l'entrepreneur ou le dirigeant.
À savoir :
La rémunération du conciliateur est établie en fonction de la taille de l'entreprise. Le coût de la rémunération ne doit pas être un obstacle pour l'entreprise.
Comment se déroule la procédure de conciliation ?
Le chef d'entreprise et le conciliateur vont collaborer étroitement pendant la période préparatoire qui doit conduire à un accord de conciliation (également appelé accord amiable).
À partir du moment où la procédure de conciliation est déclenchée, les créanciers ne peuvent plus demander le redressement ou la liquidation judiciaire de l'entreprise.
Période préparatoire avant la signature de l'accord
Avec le chef d'entreprise, le conciliateur établit la liste de ceux qui seront invités à participer aux négociations en vue de rechercher un accord. L'objectif de la procédure de conciliation est de parvenir à un accord amiable entre l'entreprise et ses principaux créanciers (par exemple, administration fiscale, organismes sociaux, banque), pour résoudre les difficultés financières rencontrées.
Pendant la négociation de l'accord de conciliation, l'entreprise en difficulté peut obtenir du juge des délais de paiement (dans la limite de 2 ans) à l'égard d'un créancier qui l'a assigné en paiement.
Signature de l'accord de conciliation
L'entreprise en difficulté et les principaux créanciers sont d’accord pour mettre en place certaines mesures : ils vont formaliser l’accord puis le faire constater ou homologuer par le président du tribunal.
L'accord de conciliation permet à l'entreprise en difficulté d'obtenir les éléments suivants :
Délais de paiement pour les dettes de l'entreprise
Remises de dettes
Remises des intérêts et pénalités de retard
Les créanciers qui ont signé cet accord doivent respecter les délais de paiement prévus. Si l'accord n'est pas respecté par les parties, le tribunal est saisi par un créancier partie à l'accord ou l'entreprise peut prononcer l'annulation de cet accord.
Des délais de paiement peuvent également être accordés pendant la durée de l'exécution de l'accord concernant une créance ne relevant pas de l'accord.
Constatation ou homologation de l'accord de conciliation
Une fois signé, l'accord amiable adopté par les créanciers est :
Soit constaté par une ordonnance du président du tribunal, à la demande des créanciers et de l'entreprise en difficulté. L'accord reste confidentiel.
Soit homologué par un jugement du tribunal à la demande de l'entreprise en difficulté uniquement. La procédure n'est plus secrète.
Constatation de l'accord
Le président du tribunal, à la demande des créanciers et du chef d'entreprise (ou du dirigeant), constate l'accord. Cela permet de donner force exécutoire à l'accord, c'est-à-dire qu'il doit être appliqué par les parties.
À savoir :
L'accord constaté n'est pas publié. Il reste donc confidentiel.
Homologation de l'accord de conciliation
Seul le chef d'entreprise peut demander l'homologation de l'accord au tribunal. Les conditions suivantes doivent être réunies :
L'entreprise en difficulté n'est pas en cessation des paiements ou l'accord conclu y met fin.
Les termes de l'accord permettent d'assurer la poursuite de l'activité de l'entreprise.
L'accord préserve les intérêts des créanciers non signataires.
En effet, l'existence de l'accord homologué est publiée au greffe du tribunal de commerce mais pas son contenu. La procédure n'est donc plus confidentielle.
L'entreprise en difficulté informe le comité social et économique (CSE de l'accord homologué lorsqu'il en existe un.
Dans le cadre de l'accord homologué, les créanciers qui ont consenti un nouvel apport de trésorerie ou qui ont fourni dans le cadre de cet apport un bien ou service ont une priorité de paiement si l'entreprise fait l'objet d'une procédure collective par la suite. De plus, ces créanciers ne pourront pas se voir imposer des délais de paiement puisqu'ils bénéficient d'une priorité de paiement.
Dans quels cas la procédure de conciliation échoue-t-elle ?
L'échec de la procédure de conciliation résulte soit de l'impossibilité de parvenir à un accord soit de l'inexécution des engagements résultant de l'accord de conciliation.
Impossibilité de parvenir à un accord
Lorsque les créanciers et l'entreprise en difficulté ne parviennent pas à trouver un accord, le conciliateur présente un rapport au président du tribunal.
Ce dernier met fin à la mission du conciliateur et à la procédure de conciliation. Cette décision est communiquée au dirigeant de l'entreprise en difficulté et au ministère public.
L'entreprise qui n'a pas réussi à trouver un accord doit recourir à une procédure collective. Lorsque l'entreprise n'est pas en cessation des paiements, la procédure de sauvegarde est ouverte.
À noter :
En cas d’échec de la conciliation, les délais, remises de dettes ou encore de sûretés consentis dans le cadre de l’accord disparaissent.
Inexécution des engagements prévus dans l'accord de conciliation
Le président du tribunal est saisi par une des parties à l'accord de conciliation. Il peut s'agir d'un créancier ou de l'entreprise en difficulté.
S'il constate que les engagements (par exemple, rééchelonnement des dettes) n'ont pas été exécutés, il peut résilier l'accord.
Textes de référence
Code de commerce : article L611-4
Ouverture de la conciliation pour les professions commerciales et artisanales
Code de commerce : article L611-5
Ouverture de la conciliation pour les professions libérales
Code de commerce : article L611-6
Nomination du conciliateur
Code de commerce : article L611-7
Mission du conciliateur
Code de commerce : article L611-8
Constatation ou homologation de l'accord
Code de commerce : article L611-10
Effet de l'accord constaté ou homologué
Code de commerce : articles R611-22 à R611-46
Désignation du conciliateur
Code de commerce : article R611-47
Rémunération du conciliateur
Code rural et de la pêche maritime : articles L351-1 à L351-7-1
Procédure spécifique aux agriculteurs
Services en ligne et formulaires
Requête aux fins d'ouverture d'une procédure de conciliation
Modèle de document
Formulaire
Consulter le Bulletin officiel des annonces civiles et commerciales (bodacc.fr)
Téléservice
Pour en savoir plus
- Foire aux questions : traitement des difficultés de l'entrepreneur individuel
Ministère chargé de l'économie
Et aussi
- Mandat ad hoc
Difficultés financières
- Redressement judiciaire d'une société
Difficultés financières
- Redressement judiciaire de l'entrepreneur individuel et du micro-entrepreneur
Difficultés financières
- Liquidation judiciaire d'un entrepreneur individuel (y compris micro-entrepreneur)
Étapes de vie
- Liquidation judiciaire d'une société
Étapes de vie